Immigration et expatriation

Visa H-1B, Gold Card : comment les États-Unis redessinent leur politique d’immigration

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En septembre 2025, Washington a annoncé deux mesures qui bouleversent l’accès au territoire américain. D’une part, toute nouvelle demande de visa de travail qualifié H-1B doit désormais être accompagnée d’un paiement de 100 000 $ par l’employeur. D’autre part, une “Gold Card” est créée par décret : une voie accélérée vers l’immigration permanente pour les personnes effectuant un don d’1 million $ (ou 2 millions $ si payé par une société), dans le respect des lois et quotas en vigueur.

Dans cet article, découvrez ce que changent concrètement ces deux décrets pour l’immigration et le travail aux États-Unis.


Sommaire

  1. Deux décrets qui redessinent l’immigration américaine
  2. Visa H-1B : un paiement obligatoire de 100 000 dollars pour toute nouvelle demande
  3. « Gold Card » : une voie express vers la carte verte, mais pas un passe-droit
  4. Contestations judiciaires et premières réactions aux États-Unis
  5. Une onde de choc internationale
  6. Les étudiants et jeunes diplômés dans le flou
  7. Accédez à l’excellence juridique sur DePlano

Deux décrets qui redessinent l’immigration américaine

Le 19 septembre 2025, la Maison Blanche a annoncé deux décisions majeures sur l’immigration.

La première concerne le visa de travail H-1B, utilisé par les ingénieurs, les chercheurs ou les informaticiens étrangers qui viennent travailler aux États-Unis. À partir du 21 septembre 2025, toute nouvelle demande de visa H-1B devra être accompagnée d’un paiement de 100 000 dollars versé par l’employeur. Sans ce paiement, la demande sera automatiquement rejetée.

Cette règle est prévue pour durer au moins un an, sauf si le gouvernement décide de la prolonger. Deux institutions américaines sont chargées de l’appliquer :

  • le Département de la sécurité intérieure, qui gère les dossiers de visas depuis les États-Unis,

  • et le Département d’État, qui supervise les consulats à l’étranger.

En clair, si un employeur ne joint pas le paiement exigé, ni l’entrée ni le visa ne pourront être accordés.

Une exception reste possible dans certains cas rares : lorsqu’il existe un intérêt national pour le pays (par exemple, un chercheur essentiel ou un expert stratégique), les autorités peuvent autoriser le visa malgré l’absence de paiement (source : The White House).

Le même jour, la Maison Blanche a aussi lancé un nouveau programme appelé « The Gold Card », ou « carte dorée ». Il s’agit d’une procédure accélérée pour obtenir une carte verte, c’est-à-dire le droit de vivre et de travailler de façon permanente aux États-Unis.

Mais cette accélération n’est pas gratuite : elle repose sur un don d’au moins 1 million de dollars à l’État américain, ou 2 millions de dollars si le don est réalisé par une entreprise au nom du candidat.

Ce don ne garantit pas automatiquement la carte verte. Il sert simplement à prouver que la personne peut être prioritaire pour certains types de visas destinés aux talents exceptionnels ou aux profils très qualifiés.

Les différents ministères concernés ont 90 jours pour mettre en place le fonctionnement concret du programme : comment faire le don, où déposer le dossier, quels seront les frais et la date d’ouverture des candidatures.


Visa H-1B : un paiement obligatoire de 100 000 dollars pour toute nouvelle demande

Depuis le 21 septembre 2025, une nouvelle règle bouleverse le fonctionnement du visa de travail américain H-1B. Désormais, chaque nouvelle demande doit être accompagnée d’un paiement de 100 000 dollars, versé par l’entreprise qui souhaite recruter un salarié étranger qualifié.

La Maison Blanche a publié une foire aux questions (FAQ) pour clarifier la mesure. Elle précise trois éléments essentiels.

D’abord, la règle ne concerne que les nouvelles demandes déposées à partir de 0 h 01 (heure de Washington) le 21 septembre 2025, y compris celles qui seront soumises lors de la prochaine loterie H-1B 2026.

Ensuite, la réforme n’a pas d’effet rétroactif : toutes les demandes déjà enregistrées avant cette date, ainsi que les visas H-1B déjà délivrés, restent valides et ne sont pas concernés.

Enfin, le texte confirme que les renouvellements, c’est-à-dire les prolongations pour les travailleurs déjà présents aux États-Unis, ne nécessitent pas ce paiement supplémentaire.

Derrière ces précisions administratives, le fonctionnement du dispositif est strictement encadré. L’employeur doit conserver la preuve du paiement, qui sera ensuite vérifiée par les autorités consulaires au moment du traitement du visa. Si le paiement n’a pas été effectué, le Département d’État et le Département de la Sécurité intérieure (DHS) peuvent refuser l’entrée sur le territoire américain.

En parallèle, le Département du Travail a été chargé d’actualiser les niveaux de salaires de référence pour les postes couverts par les visas H-1B. L’objectif affiché est de favoriser les candidats les plus qualifiés et les mieux rémunérés, en limitant l’accès à ceux qui occupent des postes hautement spécialisés ou stratégiques.

En résumé, le visa H-1B, déjà réputé difficile à obtenir, devient encore plus sélectif. Les grandes entreprises technologiques, capables d’absorber ce coût, continueront d’y recourir. Pour les start-ups et les PME, en revanche, cette nouvelle barrière financière risque de compliquer sérieusement le recrutement de talents étrangers.


Visa H-1B Le visa H-1B permet à une entreprise américaine d’embaucher temporairement un travailleur étranger hautement qualifié dans un domaine spécifique comme la technologie, l’ingénierie, la recherche ou la santé. Il est valable jusqu’à six ans et soumis à un quota annuel fixé par le gouvernement.

« Gold Card » : une voie express vers la carte verte, mais pas un passe-droit

Le programme « Gold Card », lancé par un décret présidentiel le 19 septembre 2025, ne transforme pas la carte verte en produit de luxe « à vendre ».

Ce qu’il fait, en revanche, c’est créer une voie express pour certaines personnes prêtes à effectuer un don important à l’État américain.

Concrètement, toute personne qui verse un don d’un million de dollars à l’administration fédérale, ou deux millions de dollars si le don est effectué par une entreprise pour son compte, peut voir sa demande d’immigration examinée en priorité. Ce don sert de preuve supplémentaire de l’intérêt du dossier pour le pays. Il peut être utilisé dans certaines catégories de visas professionnels déjà existantes, comme les EB-1 (personnes aux compétences exceptionnelles) ou les EB-2 et National Interest Waiver, destinés aux talents reconnus dans des domaines stratégiques.

Mais attention : ce programme n’offre pas automatiquement la carte verte. Le don permet simplement d’accélérer l’étude du dossier, sans garantir une réponse favorable. Le candidat reste soumis aux lois en vigueur, aux quotas annuels fixés par le Congrès et aux contrôles de sécurité. En d’autres termes, donner un million de dollars ouvre une porte plus rapide, mais pas plus sûre.

Les autorités américaines disposent de 90 jours pour définir les détails du programme : comment effectuer le don, comment déposer un dossier, quels seront les frais administratifs et à quelle date les premières candidatures seront acceptées. Ces informations figureront dans un guide officiel que doivent publier ensemble le Département du Commerce, le Département d’État et le Département de la Sécurité intérieure. Le programme deviendra opérationnel lorsque les trois départements auront publié la procédure et la date d’ouverture des dons.

La fiche d’information publiée par la Maison Blanche le 19 septembre précise déjà les grandes lignes et les montants exigés. Elle confirme que l’objectif affiché est d’attirer des investisseurs fortunés et des profils d’élite susceptibles de contribuer à l’économie américaine.


Carte verte (Green Card) La carte verte, ou Green Card, donne le droit de vivre et travailler de façon permanente aux États-Unis. Elle est l’équivalent d’un titre de séjour à durée illimitée.

Contestations judiciaires et premières réactions aux États-Unis

À peine deux semaines après l’entrée en vigueur du nouveau dispositif, la polémique s’est déjà déplacée sur le terrain judiciaire.

Le 3 octobre 2025, un recours fédéral a été déposé à San Francisco contre le paiement obligatoire de 100 000 dollars pour les visas H-1B.

Derrière cette action collective, on retrouve un large front composé d’employeurs du secteur technologique, d’universités, de syndicats et d’organisations religieuses.

Tous accusent la Maison Blanche d’avoir outrepassé ses pouvoirs en imposant un tel paiement sans passer ni par un vote du Congrès, ni par une procédure réglementaire complète, comme l’exige normalement le droit administratif américain.

Les plaignants demandent la suspension immédiate de la mesure, le temps que la justice statue sur sa légalité.

L’affaire a été confiée à un tribunal fédéral de Californie, et sa première audience déterminera si le dispositif peut continuer à s’appliquer ou s’il doit être temporairement gelé.

Pour les spécialistes du droit de l’immigration, cette audience sera décisive : un simple sursis pourrait déjà retarder toute la mécanique administrative autour du H-1B.

Pendant ce temps, le monde économique se divise.

Les géants de la tech, souvent les plus grands utilisateurs du visa H-1B, ont choisi de payer le coût pour maintenir leurs recrutements internationaux et éviter de freiner leurs projets.

D’autres acteurs, notamment les start-up et les entreprises de taille moyenne, dénoncent une mesure inabordable et discriminante qui risque de freiner l’innovation et d’écarter les jeunes talents étrangers.

Cette fracture illustre bien le paradoxe du dispositif : conçu pour protéger le marché du travail américain, il pourrait en pratique favoriser les groupes les plus riches et fermer la porte à une partie des acteurs économiques qui dépendaient jusque-là de ces compétences étrangères.

Dans l’attente du jugement, le climat reste incertain : entre enjeux économiquesbras de fer juridique et calculs politiques, l’immigration de travail américaine vit l’un de ses tournants les plus controversés de ces dernières années.


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Une onde de choc internationale

L’annonce de ces réformes a provoqué une véritable onde de choc à l’étranger.

En Inde, principal pays d’origine des titulaires du visa H-1B, la décision est perçue comme une fermeture brutale d’un marché du travail qui, depuis vingt ans, représentait un ascenseur social pour toute une génération d’ingénieurs et de développeurs. Les médias indiens parlent d’un « signal d’exclusion » envoyé aux talents étrangers, tandis que les grandes écoles de technologie alertent sur une perte d’attractivité des États-Unis.

En Europe, la réaction est à l’inverse plus pragmatique : plusieurs pays, dont la France et l’Allemagne, voient dans ce durcissement une opportunité de rapatrier des compétences. Les gouvernements multiplient les programmes de visas pour les start-ups et les profils techniques, espérant séduire ceux qui ne peuvent plus partir aux États-Unis.

Les pays du Golfe et le Canada se positionnent sur la même opportunité, renforçant leur stratégie de recrutement international. En quelques jours, la concurrence mondiale pour les talents s’est réorganisée, avec Washington en position de retrait.


Les étudiants et jeunes diplômés dans le flou

Pour les étudiants étrangers, la réforme arrive comme un coup d’arrêt brutal.

Jusqu’ici, beaucoup d’entre eux choisissaient les universités américaines dans l’espoir d’obtenir, à la fin de leur cursus, un visa H-1B qui leur permettait de rester travailler. Désormais, cette perspective s’assombrit : la plupart des employeurs ne pourront tout simplement pas assumer un paiement de 100 000 dollars pour un jeune diplômé.

Résultat : de plus en plus d’étudiants se tournent vers des destinations jugées plus accessibles, comme le Canada, le Royaume-Uni, l’Australie ou les Pays-Bas, où les procédures de travail post-études sont plus simples et moins coûteuses.

Les universités américaines craignent une baisse des inscriptions étrangères dans les domaines scientifiques et technologiques, qui reposent largement sur ces profils internationaux.

Au-delà des chiffres, c’est tout un modèle d’attractivité, celui d’une Amérique ouverte aux cerveaux du monde entier, qui se voit remis en question.


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